L’éducation canine, l’investissement dans cette relation chien-maître, ou simplement la vie quotidienne avec mon chien… sont comme toute entreprise : ils nécessitent un certain engagement, une certaine volonté.

Et les jours sans ? Voilà que pointe le « craquage », le « tant pis », le premier petit abandon, celui qui me menace de tout lâcher, qui mine tant l’estime de soi et me remplit d’amertume.

 

Alors, une bonne fois pour toutes, comment gérer l’abandon ?

 

Bien sûr, au départ, quand on prend un chien, on ne pense jamais à ce genre de chose. Aveuglés que nous sommes par le bonheur, pauvres fous ! nous oublions que nous y serons tous confrontés, un jour ou l’autre… 

Peut-on se préparer à l’abandon ? L’abandon, c’est justement quand on en est à un point ou plus rien n’est gérable, non ? Alors, bien sûr, je pourrais me dire : oui, mais je vais tout faire pour que cela n’arrive pas. Sauf que ça va arriver ! Mais pas de panique, parce qu’en fait, l’abandon, ce n’est pas la fin de tout !

 

Et si c’était le commencement ?

 

 

Pour aborder ce sujet un peu lourd, je me suis d’abord demandée : bon, c’est quoi que c’est exactement, abandonner ?

Je définis l’abandon comme le fait de lâcher un objectif fixé. J’avais décidé que… Et puis tant pis, je n’y arrive pas, je n’y arriverais pas. Je ne le fais pas. Merde ! J’avais fait tant d’efforts, tout ça POUR RIEN ! Colère, frustration, amertume. Wouah, difficile d’être constructive, là.

 

Pourtant, quand je m’étais fixée cet objectif, j’y croyais : je croyais que je pouvais le faire, et que c’était important de le faire.

 

Par exemple, je me suis fixée pour objectif d’avoir un chien qui ne quémande pas à table. Pour n’importe quel exercice d’éducation, le maître mot est : si c’est permis une fois, alors le chien saura que c’est possible, et il réessaiera.

Donc : quand j’ai décidé que quelque chose est interdit, ça doit être interdit tout le temps. Au moins jusqu’à l’acquisition du bon comportement. S’engage alors le duel de volonté entre moi et le chien. Duel qui peut être vraiment fatiguant.

Car il n’y a pas que moi dans l’équation. Je dois m’assurer que personne ne donne à manger au chien, afin qu’il s’habitue à ce que son manger soit dans sa gamelle, au moment où je le décide. Et imaginez la situation suivante : vous êtes invitée à un barbecue dans un jardin, vous laissez le chien gambader partout, dire bonjour aux invités, aux enfants…

Et vous vous retrouvez tiraillée entre deux mondes opposés :

Et arrive ce qui doit arriver : un des gamins a donné son reste de brochette au chien, et maintenant celui-ci tourne auprès de chaque invité, passe sous la table et pose sa truffe sur tous les genoux.

Et vous vous dites : bon, c’est mort, buvons notre rosé pamplemousse en paix, on verra ça plus tard. Mais vous n’arrivez même pas à l’apprécier, ce moment, car ce n’est pas vraiment un choix, c’est un renoncement.

 

C’est la phase où je ne dois pas m’apitoyer. Plutôt que de penser « je suis nulle, je n’arrive à rien », je dois rester critique. La remise en question bien-fondée va me permettre de :

  • évaluer mes capacités et limites
  • évaluer mon/mes objectifs

Car oui, j’ai abandonné, mais à présent je peux réajuster le tir.

 

Et finalement cet abandon me permet de ne pas me laisser m’entêter dans un projet mal ficelé. En gros, une fois passée la traditionnelle phase de morfondage, quelle formidable opportunité ! Abandonner, c’est mourir un peu. Maintenant, je peux renaître !

 

adapter

2 choses.

 

 

Il ne faut donc pas craindre de s’y remettre.

 

Ceux qui veulent réussir un projet se donnent les moyens de le mener à bien, les autres trouvent les excuses pour ne pas le faire.

 

C’est d’ailleurs l’objectif de ce blog, vous donner des conseils d’éducation, mais aussi vous aidez à maintenir l’enthousiasme, à vous encourager à continuer.

Combien de fois j’ai entendu : « avec des chiens comme les vôtres, c’est facile, il n’y a rien à faire ! » Ben, non, enfin ! J’ai beaucoup travaillé avec mes chiens pour en arriver là, et je veux aller plus loin encore !

Mais cela est invisible aux yeux des gens que vous croisez, ou en tout cas qui ne vivent pas avec vous. C’est pour cela qu’il faut avant tout que vous ayez confiance en vous et vos capacités. Voyez les progrès que vous avez déjà accompli. Observez la réalité / lisez des livres / allez vers les bonnes personnes pour améliorer vos compétences.

La seule chose qui reste immuable, ce doit être votre statut de chef de meute, de leader. Si vous n’occupez pas cette place, ce sera au chien de l’assumer. Ce qui n’est pas une bonne chose, car il aura trop de responsabilités.

Donc, gardez le leadership. Cela n’empêche pas la remise en question, quand elle est honnête. Bien au contraire : celle-ci permet d’observer la réalité et donc de pouvoir agir dessus au plus juste. Sinon, on demeure dans l’illusion… Mais avoir une vision claire ne sert à rien sans action.

 

Soyez conscients de ce que vous mettez en place.

Soyez conscient de ce que vous relâchez.

Vous pouvez avoir de bonnes raisons de le faire ? Alors faites-le. Soyez en adéquation avec vous-même.

 

Personnellement, j’esquive certaines contraintes en faisant croire à mon chien que c’est ma volonté. Par exemple : pour Anakin qui n’est pas à l’aise dans la foule, j’embarque un harnais et on oublie la marche au pied ce jour là. Cela fonctionne car il ne tire pas sur le collier : cela, je ne l’autorise pas. Quand on reprend le collier, en deux minutes il a à nouveau compris le principe et remarche au pied sans soucis. Et moi, pendant cette sortie dans la foule, j’en ai profité sans stress.

 

La clef, c’est donc d’être conscient que mon énergie est limitée, et qu’il faut que j’ajuste mes prétentions avec cette réalité. Plutôt que d’avoir une multitude de principes rigides qui sont des contraintes autant pour mon chien que pour moi-même, je préfère garder cette attitude : je suis le leader et je m’adapte à toutes les situations. Non pas frontalement, mais je trouve toujours le moyen de tourner la situation à mon avantage.

 

N’oubliez pas : chaque fois que vous voyez un maître qui a un chien « impeccable » et « très facile à vivre »… cela ne s’est pas fait tout seul. Il y a eu derrière une foultitude d’échecs et de remises en question, de moments douloureux… qui demeurent invisibles. Ils sont passés par là, vous allez passer par là. Et votre relation maître-chien en sortira plus forte, plus juste. 

 

Pour terminer, une petite histoire…

 

Le homard, quand il grandit, est gêné par sa carapace qui jusque là le protégeait si bien…

A présent, il ne ressent que de l’inconfort et même une légère douleur. Il va donc se cacher sous des rochers pour s’extirper de son ancienne carapace, et il va s’en créer une nouvelle.

Le temps passe et un beau jour, il ressent à nouveau cet inconfort. Il sait que le temps est venu pour lui de se cacher à nouveau sous les rochers, pour pouvoir grandir encore.

Si les homards avaient des médecins, sans doute ne grandiraient-ils jamais ! A la moindre sensation de gêne, ils iraient se faire prescrire un antidouleur, et ils continueraient leur vie comme avant, sans avoir à changer de carapace, sans avoir à grandir…

Nous sommes comme ces homards : quand surviennent l’inconfort, la gêne ou la douleur, nous devons grandir, changer, évoluer. Ces souffrances, quelles soient grandes ou petites, sont des indicateurs : les choses ne doivent pas continuer ainsi. A nous de nous transformer, d’adapter nos comportements !

 

J’espère que cet article, qui me tenait à cœur, vous aidera à maintenir votre cap ! Il participe à l’événement « Gérer l’abandon » du blog Courir un Trail dont je vous encourage à lire : Courir, c’est pour les fous ! qui m’a beaucoup parlé (et bien fait rire aussi). N’hésitez pas à raconter dans les commentaires l’abandon qui vous a le plus touché, et comment vous vous en êtes relevé.

3 réponses

  1. Cet article est très intéressant parce qu’il permet vraiment de remettre en questions la rigidité dans notre rapport aux animaux, ne serait-ce que parce que, parfois nous avons tort dans nos exigences…
    Qu’entends-tu exactement par « leader » lorsque tu évoques ta place par rapport au chien ?

  2. Hello Françoise,

    J’aime bien utiliser le mot leader qui est moins connoté péjorativement que « dominant ».
    Pour développer très rapidement mon positionnement : les chiens sont des animaux sociaux et chaque individu occupe une place dans la meute. Le chien considère les humains vivants avec eux comme faisant partie de la meute. Il faut donc, pour que tout se passe au mieux, que l’humain prenne le leadership : la place de guide, de dirigeant, de dominant.
    C’est une place parfois difficile à assumer, surtout si on compare cela aux relations humaines ! Quelques fois, on aimerait être juste « amis » avec notre chien, et on ne contraint pas ses amis, pas vrai ? Hélas, ce n’est pas si simple !
    Bref, voilà pourquoi j’aime employer le mot leader, qui renvoie une image plus positive : celui qui montre le bon chemin avec bienveillance, mais aussi avec une certaine fermeté pour le bien de tous.

    J’espère que ma réponse a clarifié mon propos 🙂

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