Je vais vous raconter le cauchemar que j’ai vécu un dimanche soir. Oui, c’est plus rigolo quand ça arrive un dimanche. Vous savez, quand tout est fermé.
Incident ?
Je me promenais en forêt avec Anakin, je m’amusais à lui lancer des bâtons. Ce jeu le surexcite complètement : il fonce sans réfléchir vers le bâton, quels que soient les obstacles ! Je lance le bâton vers une clairière. Soudain, je vois le chien redescendre du talus la tête ensanglantée ! Complètement en train de paniquer, je le rappelle. Je constate qu’il s’est blessé à l’oreille, probablement se l’est-il accroché au fil barbelé qui restait sur les arbres, la clairière étant un ancien pré. Anakin n’a pas du tout l’air incommodé par sa blessure, par contre, il n’arrête pas de secouer violemment sa tête, ce qui n’arrange pas les choses. J’écourte la balade pour rentrer au plus vite et examiner plus attentivement tout ça.
L’incident survient : vous constatez quelque chose d’anormal. En premier lieu, observez le chien. Si vous n’avez rien sur vous pour désinfecter et que le chien peut marcher, mieux vaut rentrer pour faire les choses proprement.
Arrivée à la maison, je laisse le chien sur la terrasse pour éviter de transformer l’intérieur de la maison en film gore. Anakin continue de secouer sa tête… Je vais me laver les mains au savon, et je ramène de quoi le nettoyer : gants de toilettes, torchons propres, bassine d’eau chaude et produit désinfectant pour humain.
Prise en charge
Placez le chien dans une zone sécurisée, surtout si vous soupçonnez une entorse ou une fracture, pour limiter les déplacements du chien. Restez calme et évitez de le placer dans une pièce où il n’a pas accès d’habitude : il ne faut pas stresser le chien.
Evidemment, il n’aime pas trop que je regarde, je dois donc le contenir un peu pour pouvoir laver la blessure. Je constate que son oreille est déchirée en deux. Je lave d’abord à l’eau pour bien dégager la plaie. Puis je désinfecte. Comme ça saigne abondamment, je lui mets une compresse et je plaque son oreille sur sa tête. Je couvre le tout d’un bandage pour que le pansement reste en place.
Matériel de soin
Pour nettoyer une plaie, utilisez votre trousse à pharmacie. Vous pouvez prendre aussi du sérum physiologique. Utilisez des mouchoirs ou de l’essuie-tout : même si ce n’est pas stérile, c’est assez propre pour une situation d’urgence. Attention, en situation de stress et de douleur, un chien peut paniquer et même se montrer agressif. L’idéal est d’avoir appris au chien à se laisser manipuler n’importe quand, n’importe comment, par n’importe qui. (En général, si le chien a grandi dans une maison avec des enfants, ça passe déjà bien…)
Je lave d’abord à l’eau pour bien dégager la plaie. Puis je désinfecte. Comme ça saigne abondamment, je lui mets une compresse et je plaque son oreille sur sa tête. Je couvre le tout d’un bandage pour que le pansement reste en place. Enfin, « je », on a fait ça à trois.
Equipe de choc !
Si le chien ne se laisse pas faire, essayez de faire les choses à deux : une personne qui maintient le chien, l’autre qui travaille. Vous pouvez distraire le chien avec une friandise ou un jouet. Pour les cas extrêmes, il faudra peut-être coincer la tête du chien sous un bras. Mais au pire du pire, laissez le chien de côté si vous avez l’impression que vous ne pourrez qu’empirer la situation. Laissez le chien au calme.
J’appelle mon vétérinaire. Même s’il est fermé, le répondeur me donne un numéro à appeler pour trouver le vétérinaire de garde. Je contacte donc ce vétérinaire de garde. Je lui explique la situation. Il me rassure tout de suite : les blessures aux oreilles saignent toujours énormément, car il y a beaucoup de veines. Une fois l’hémorragie stoppée, il ne faut pas s’inquiéter. Il me dit que j’ai fait tout comme il faut, qu’il n’y a pas besoin qu’il se déplace, mais que je dois voir mon vétérinaire habituel dès le lendemain.
Rappel
Si vous en ressentez le besoin, appelez un vétérinaire, y compris les jours de fermeture : il existe des vétérinaires de garde. Il saura vous guider par téléphone. Surtout, ne vous précipitez pas vers n’importe quelle clinique, même en urgence. Appelez en premier pour être pris en charge rapidement. Au besoin, le vétérinaire vous demandera de venir dans un certain délai : il vaut mieux attendre au calme chez vous plutôt que dans la salle d’attente.
Le lendemain, j’appelle mon vétérinaire pour lui expliquer la situation. Elle me fait venir mais en consultation normale. Elle ouvre le pansement aux ciseaux, puis nettoie la plaie. Verdict : il faut suturer ! Elle va endormir Anakin pour pouvoir intervenir. Elle me prévient : il va tomber d’un coup. Elle lui fait l’injection. Malgré son avertissement, j’ai été très impressionnée ! Mon pauvre chien est tombé en trois secondes chrono dans mes bras. Elle m’a dit qu’elle allait le recoudre, que je pourrais revenir plus tard, quand il serait remis de l’anesthésie. Mais c’est moi qui tremblais.
PTSD
Certaines personnes sont à l’aise avec les blessures, d’autres non. Vous serez peut-être impressionné, mais sous le stress, on est capable d’accomplir des choses qu’on se croit incapable de faire en temps normal ! Le cerveau ne pense qu’à une chose : gérer le problème. Gérer le problème en agissant directement OU en trouvant à qui vous adresser. Quelques fois, on est limité et il ne faut pas attendre sans rien faire : il faut prévenir quelqu’un de compétent par exemple. Ensuite, une fois que le problème n’est plus entre vos mains, l’adrénaline retombe et c’est là que vous allez peut-être comme moi ressentir le contre-coup : c’est l’état de choc a posteriori ! C’est le moment de prendre soin de vous : vous avez géré, bravo !
Apprendre de ses erreurs
Mon histoire ne s’arrête pas là, elle a eu un sacré impact sur moi et sur Anakin. A cause de son pansement post suture, qu’il a dû garder plusieurs jours, il a développé une otite. Depuis, il est sensible de cette oreille. La suture avait presque bien pris : le dernier point ayant sauté, et ne souhaitant pas le refaire suturer, son oreille n’est pas tout a fait comme avant… Mais c’est un détail esthétique pratiquement invisible.
De mon côté, j’ai dû aller régulièrement chez le vétérinaire pour refaire le bandage et adapter les sorties pour qu’Anakin soit assez défoulé sans courir… Le coût financier était colossal pour moi à ce moment. Plus de deux cents euros en comptant les traitements antibiotiques, les injections, l’anesthésie, les points de suture, les pansements, le traitement pour l’otite… Je peux vous dire que je HAIS les barbelés. Invention du diable.
Savoir être prêt
Ce que je retiendrais de cette mésaventure : toujours avoir une trousse de soin à la maison. Celle des humains marche bien pour les chiens. Désinfectant, compresses stériles, bande. Une collerette peut être utile. Garder une petite réserve financière dans le bilan « frais annuels des animaux » pour les imprévus. Toujours manipuler le chien dans des situations improbables pour le garder habitué. Et toujours vérifier où je lance les bâtons…
Toujours une lecture agréable et instructive, j’attends chaque article avec impatience, bonne continuation !
Merci beaucoup pour ce commentaire très encourageant ! 🙂