Se préparer au CSAU
Avec l’événement inter-blogueurs, je voudrais faire l’apologie de l’auto-apprentissage. Le fait d’apprendre par soi-même, sans prof quoi.
Je trouve que, dans le domaine de l’éducation canine, il y a beaucoup de choses qui peuvent être faites sans avoir un moniteur qui vous prenne par la main.
Attention
d’une part, je parle des choses basiques, avec un chien sans traumatisme, qu’on a pu élever dès son plus jeune âge…
d’autre part, je ne dénigre pas du tout le travail des éducateurs canins, ni les autres approches de l’éducation canine !
C’est toujours enrichissant de pouvoir croiser les expériences, et discuter avec des personnes qui ont une autre façon de faire.
Simplement, je sais que, dans l’éducation canine, on éduque le chien autant que le maître.
Or, ça tombe bien, puisque le maître, c’est vous !
Donc, le but de cet article est de vous lancer un défi : préparer vous-même un examen officiel !
Bien sûr, je ne peux que vous donner les indications pour y arriver, je ne prétends pas que juste lire l’article (sans en appliquer la moitié…) vous donnera la garantie d’avoir le « diplôme » en question.
Oui, parce que, prétendre qu’on peut apprendre des trucs à son chien, c’est bien, mais se le prouver devant un jury, c’est un peu la classe quand même.
Mais de quel examen je parle ? Le plus élémentaire d’entre eux, et pourtant il est indispensable si vous souhaitez inscrire votre chien dans une discipline canine. J’ai nommé…
Le CSAU : Certificat de Sociabilisation et d’Aptitude à l’Utilisation
Le CSAU se prépare d’ordinaire en club, mais vous allez voir qu’on peut très bien faire cela en auto-apprentissage.
Ce qui est demandé pour le passage d’un CSAU :
Le chien doit :
✩ être âgé d’un an au moins (pas de limite maximale d’âge) ;
✩ effectuer un croisement serein avec un autre chien ;
✩ faire une suite en laisse : suivre son maître à plusieurs allures sans tirer ;
✩ pouvoir être tenu en laisse par un inconnu (le juge ou son assistant) tandis que son maître s’éloigne de quelques mètres ;
✩ réagir sereinement lorsque le juge contrôle sa puce électronique ;
✩ connaître assis et coucher ;
✩ effectuer un rappel ;
✩ rester en stabilité pendant 30 secondes sans son maître ;
✩ ne pas se montrer agressif quand le juge fait du bruit.
Se préparer au passage du CSAU
Concrètement, il faut travailler sérieusement deux semaines avant l’épreuve. (Durée conseillée pour un chien bien réceptif, avec lequel vous avez déjà travaillé les bases : le rappel, la marche au pied, la sociabilité). Pour trouver où et quand passer le CSAU, regardez sur le site officiel de la SCC. Vous pourrez vous inscrire en ligne.
Les épreuves ont souvent lieu en même temps que d’autres manifestations : expositions, confirmations.
Ce qui est observé lors du passage du CSAU :
Attention, j’ai mis les épreuves dans un ordre possible, mais elles peuvent avoir lieu dans n’importe quel ordre.
Croisement
Pour le croisement : le chien doit croiser un chien inconnu sans être agressif ni trop peureux. S’il tire sur la laisse pour aller dire bonjour, ce n’est pas grave : ce n’est pas encore l’épreuve de la suite en laisse. Par contre, il ne doit pas se réfugier derrière vous ou sauter sur l’autre chien.
Ce croisement a lieu quand vous entrez sur le terrain du concours.
Administratif
Puis direction la table des juges où vous présentez votre chien et vous-même. Certains juges demandent à ce que vous connaissiez par cœur les 4 derniers numéros de la puce, le nom des parents (si le chien a un pedigree), la date de naissance. Vous présentez les papiers du chien dont une photocopie des papiers qu’ils vont garder.
Réaction face à un inconnu
Le juge lira la puce à l’aide d’un petit appareil électronique. Vous pouvez entraîner votre chien à cet exercice en passant un smartphone sur son cou. (Demandez aussi à des personnes dont votre chien est moins proche, car quand c’est vous c’est trop facile…). L’appareil fera un petit bip quand la puce sera lue. Le chien peut lécher la main du juge, hein, ce n’est pas l’armée ! Mais il ne doit pas se montrer agressif ou apeuré.
Éloignement du maître
Puis le juge prendra la laisse et vous demandera de vous éloigner de quelques mètres : à faire sans se retourner pour montrer au chien que vous n’êtes pas inquiet. Le chien ne devra pas chercher à vous rejoindre à tout prix ou aboyer comme un fou, ou pire, se retourner contre le juge.
Marche en laisse
Ensuite, vous devrez marcher avec votre chien et obéir au juge qui vous demandera de marcher, trotter, courir, vous arrêter, aller à droite, à gauche, faire demi-tour. Le tout sans que le chien ne tire, sans donner d’à-coups avec la laisse. Vous avez juste le droit de parler au chien : vous pouvez lui dire « au pied », « stop », le prévenir à la voix (en lui redisant au pied, pourquoi pas) quand vous allez tourner par exemple.
Obéissance ordres de base
Le juge vous demandera également de faire asseoir et coucher votre chien. Parfois de passer du coucher au assis : cela doit être travaillé car ce n’est vraiment pas évident pour le chien.
Rappel
Pour le rappel, le juge va vous demander de placer le chien dans une position de stabilité (on dit aussi « bloquer » le chien) : le chien, assis, debout ou couché, peu importe, ne doit pas bouger quand vous partirez.
Là encore, c’est le juge qui vous indique où vous bloquez le chien et jusqu’où vous devez vous éloigner. Il vous dira quand vous pourrez rappeler. Le chien doit bien attendre que l’ordre soit donné avant de partir. Il doit revenir au pied. S’il vous dépasse un peu avant de se remettre chez vous, ce n’est pas grave. L’essentiel est qu’il revienne le plus directement possible.
Distractivité, réaction aux bruits
Souvent, c’est lors du rappel ou de la suite en laisse que le juge fera le fameux bruit. Il s’agit le plus souvent d’un jerrican avec des cailloux. Le juge va l’agiter pour observer la réaction du chien.
Si c’est pendant le rappel et que le chien dévie un peu sa course pour s’éloigner du bruit, c’est accepté : encore une fois, l’important est qu’il ne cherche pas à s’enfuir au loin ou qu’il n’attaque le jerrican.
Le jerrican est un peu agité à quelques mètres du chien, il ne s’agit pas non plus d’agresser le chien pour voir ce qu’il a dans le ventre !
Travail de la sensibilité
Pour travailler sur la sensibilité au bruit de votre chien, il faut l’emmener dans des endroits à forts potentiels de nuisances sonores (sortie d’écoles, terrains de jeux, routes passantes, gares…). Quand un bruit survient, ne pas réagir. Si vous n’en tenez pas compte, c’est que c’est sans danger.
Épreuve de la cache
Enfin, la dernière épreuve est l’absence : le chien doit rester en stabilité pendant 30 secondes tandis que vous êtes caché.
Le juge va vous demander de placer le chien (mettez-le bien face à la cachette pour qu’il n’ait pas à bouger pour vous regarder partir) puis d’aller vous cacher derrière un panneau de bois.
C’est l’épreuve la plus pénible à préparer seul, car il faut pouvoir surveiller le chien sans que celui-ci s’en aperçoive. Vous pouvez commencer par une simple stabilité en présence, en vous éloignant de 20 mètres par exemple. Travaillez toujours progressivement sur la durée et la distance. Faites ensuite plus : si le chien tient 45 secondes en entraînement, il en tiendra 30 le jour J.
Personnellement, j’ai travaillé en forêt, dans les virages, en me planquant derrière des sapins. Cela me permettait d’observer sans être vue du chien.
Quand le chien bouge, recommencez sans gronder, mais félicitez beaucoup quand il a réussi.
Lors de l’épreuve, le chien a le droit de bouger un peu : un mètre à peu près. Ce n’est donc pas dramatique s’il ne reste pas strictement couché ou assis, tant qu’il reste dans la petite zone où vous l’avez placé.
Encore une fois, vous attendez que le juge vous donne le feu vert pour sortir de votre cachette. Vous retournez tranquillement vers votre chien qui doit rester à sa place. C’est uniquement quand vous vous êtes placé à côté du chien que cette épreuve se termine.
Félicitations !
L’examen terminé, le juge rempli les papiers et vous remet votre certificat avec une appréciation.
Et voilà, félicitations ! Le comportement de votre chien vient d’être officiellement valorisé !
Vous l’aurez deviné, la réussite de cet examen dépend de plusieurs choses :
la préparation en amont (ça c’est vous),
les conditions du passage (lieu, météo, profusion de gens et de chiens… autant de facteurs potentiels de stress),
le juge (qui saura plus ou moins mettre en confiance le chien, qui sera plus ou moins exigeant).
De mon côté, je m’étais beaucoup mis la pression, car j’avais l’impression que c’était le moment de vérité, que tout mon travail quotidien allait être jugé en 10 minutes, dans des conditions que je maîtrisais mal…
Résultat : il faut le prendre comme un jeu, notamment parce que le stress est transmissible au chien, ensuite parce que, quoi qu’en disent les juges, c’est vous qui vivez avec votre chien et qui le connaissiez le mieux !
Mais bon, c’est sympa de se mettre un défi de temps en temps, et quelle satisfaction quand votre chien obtient la mention : excellent. 😉 Je vous encourage donc à tenter l’expérience !
Vous pouvez aller sur le site de la Société Centrale Canine pour consulter les dates des prochains passages, ou contacter les clubs près de chez-vous.
Et n’oubliez pas de partager cet article s’il vous a plu, ou de poser vos questions dans les commentaires !
Excellente idée, j’ai bien envie de tenter le petit défis de préparer cet examen seule !
Super ! Vas-y, lance-toi !
j’ai besoin du csau et pass agility pour faire de la compétition – je n’ai pas obtenu mon pass car mon chien a senti le passage de lapins sur le terrain d’entrainement et mangé les crottes – que faire pour l’empécher de divaguer ?
Bonjour, effectivement pas de chance pour cette histoire de lapin. Il est plus facile d’apprendre au chien de réaliser une action positive (« fais attention à moi ») plutôt que de lui demander de ne pas faire (« ne renifle pas, ne mange pas, etc »). Le chien peut toutefois bien comprendre qu’il doit « laisser ça » pour continuer une autre action (personnellement j’utilise la commande « fouille ! » ou encore « ça c’est non » – l’intonation est importante). Pour réaliser cet apprentissage, il faut y aller progressivement. On va préparer le terrain en installant des distractions (d’abord peu attrayantes : des objets de la maison qui n’ont rien à faire là et qui vont l’intriguer par leur odeur familière : vêtements, chaussures, sac…) et on laisse le chien en longe explorer le terrain tout en étant soi même source d’attraction (jouer à la balle par ex, ou encore demander une marche au pied… = »concentre toi sur moi, je te sollicite »). Dès que le chien s’intéresse à un objet, on associe un mot (plutôt que d’utiliser un « non », on va créer un ordre spécifique réservé : »fouille » marche bien) et immédiatement, on empêche le chien d’y accéder soit en tirant gentiment sur la longe soit en faisant couiner une balle pour avoir son attention. Petit à petit on augmentera la difficulté jusqu’à placer des objets très attractifs (jouets préférés, nourriture) et en étant de moins en moins dans la distraction du chien (au lieu de jouer à la balle, on fera une marche, ensuite à la toute fin on le libérera de la longe). Il s’agit de procéder par petits pas, d’augmenter la difficulté dès les progrès et de ne pas hésiter à redescendre la difficulté en cas d’échecs.