Cyanobactéries !
Le mot revient à chaque été : attention, vos chiens peuvent en mourir s’ils boivent de l’eau contaminée !
Mais qu’en est-il vraiment ? Qu’est-ce que les cyanobactéries, pourquoi elles semblent apparaître en été pour qu’on n’en entende ensuite plus du tout parler le reste de l’année ? Pourquoi ce serait mortel ? Et surtout, comment savoir s’il y en a dans l’eau ? On va voir tout ça ensemble !
Cyanobactéries, qu’est-ce que c’est ?
Une bactérie importante dans la biodiversité
Les cyanobactéries sont des… bactéries. Et oui, ce n’est pas si évident quand on les appelle aussi « algues bleues » ou encore « algues bleu-vert » (d’où leur joli nom de cyano, car les premières découvertes avaient cette couleur cyan). Encore mieux pour semer la confusion : la plupart des cyanobactéries ne sont pas bleues ! Elles peuvent prendre diverses couleurs : rouges, vertes avec des reflets bleutés, violets, bruns, jaunes ou orangés…
Les cyanobactéries sont très anciennes et ont contribué à rendre la planète favorable à la vie (oui, rien que ça) : Ces bactéries fixent par photosynthèse le carbone du dioxyde de carbone et libèrent du dioxygène. Il en existe plein d’espèces, comme la spiruline par exemple qui est bien connue. Et on sait aussi que la majeure partie des bénéfices des bains de boue sont dû aux cyano… Pas mal, non ?
En quoi est-elle dangereuse ?
Bon, maintenant qu’on en a fait l’apologie, pourquoi alors on associe directement les cyanobactéries aux morts subites ?
Et bien, le problème ne vient pas de toutes les cyanobactéries. En fait, elles sont naturellement présentes un peu partout, et ça ne pose pas de problème. (Certaines espèces vivent en symbiose avec les champignons : ce sont les lichens qui poussent sur les roches !)
Mais, si certaines espèces sont sympathiques, il en existe une quarantaine qui sécrètent ou contiennent des cyanotoxines qui sont généralement des neurotoxines pouvant causer la mort chez divers animaux, dont l’humain. Et évidemment, pour couronner le tout, ces toxines comptent parmi les plus puissants poisons naturels et n’ont pas d’antidote à ce jour.
Facteurs agravants
Bon, alors pourquoi à certaines périodes, on entend parler d’alertes aux cyanobactéries ?
Et bien, on comprend encore mal ce qui déclenchent ces « bloom » de cyanobactéries, mais ils sont corrélés avec l’eutrophisation de surface (lorsque la surface de l’eau est obstruée par une croissance folle des plantes, cela est causé par un surplus de nitrates provenant des activités humaines et cela entraîne donc un manque d’oxygénation dans l’eau, ce qui finit par étouffer la vie aquatique)
Ce qui est certain, c’est que ces épisodes de prolifération montrent un déséquilibre du milieu aquatique. Le manque d’oxygène, en tuant tous les autres organismes, favorise les cyano qui prennent alors toute la place très rapidement, faute de concurrents. Et la chaleur faisant diminuer également la teneur en oxygène dans l’eau, on obtient un cocktail mortel pour l’été.
Comment tuent-elles ?
Chez les humains…
De plusieurs façons, malheureusement. Soit directement, par simple contact, soit plus tardivement car elles peuvent causer des cancers et même des maladies dégénératives : pour celles et ceux qui souhaiteraient en savoir plus, je vous renvoie à l’article wikipédia qui est très fourni sur le sujet. Elles affectent principalement la peau et les muqueuses, le foie, le système nerveux. Chez les humains, on a pu enregistrer des réactions allergiques (asthme, irritation des yeux, éruptions) mais également des maladies neurodégénératives qui se déclarent après plusieurs années d’exposition, par accumulation des toxines dans le cerveau. Mais on peut également en ingérer par le biais de nos fruits de mer ou poissons !
Chez les animaux…
Beaucoup d’espèces souffrent de ces bloom, et nos amis les chiens ne font pas exception : notamment parce qu‘ils vont être facilement en contact avec l’eau contaminée. Chez eux, l’intoxication peut être extrêmement rapide, du fait qu’ils vont se jeter à l’eau et en boire de grandes quantités, alors que nous, dans le même temps, on y trempe à peine nos pieds. Et évidemment, la différence de masse corporelle joue également : plus l’animal est petit, plus il sera rapidement en danger. Il est donc primordial de savoir reconnaître une eau dangereuse pour empêcher nos animaux de s’intoxiquer.
Repérer les cyanobactéries
La plupart des espèces sont invisibles à l’œil nu mais donnent une coloration à l’eau ou sur le support qu’elles colonisent. Il y a plusieurs colorations possibles selon les espèces : bleu, vert, brun… On peut quelques fois voir un biofilm à la surface de l’eau : une sorte de fine couche de gras qui flotte sur la surface. Ce biofilm peut provenir d’une cyanobactérie mais également d’autres bactéries qui prolifèrent : la cyano n’est pas le seul risque d’infection quand on se baigne dans une eau pas assez propre, toute présence de biofilm est signe d’une forte présence bactérienne.
Elles peuvent dégager une « odeur de vieille cave humide ». Ce qui rend quand même le diagnostic amateur assez léger !
Le moyen le plus sûr, c’est encore de vérifier si des mesures officielles ont été faites. Ce sont les ARS qui sont chargées de cette surveillance, et l’ANSES au niveau national étudie de près leur évolution.
Se baigner en toute sécurité
Privilégier certains lieux et temps
En France, les sites propres à la baignade sont répertoriés et surveillés. A l’inverse, beaucoup de lacs et d’étangs sont clairement interdits à la baignade. Bien sûr, il est donc fortement conseillé de suivre les directives officielles…
Ne pas se baigner, oui, mais aussi ne pas se laver les mains dans cette eau ou y rincer les fruits du picnic !
Les eaux stagnantes sont les pires en terme de salubrité, toute eau qui sent ou qui a une coloration suspecte doit être évitée. Malheureusement, les eaux vives peuvent aussi transporter des cyano, même si le risque est diminué par rapport aux eaux calmes. Enfin, la chaleur est véritablement propice aux bloom de cyano : plus il fait chaud, plus le risque est élevé. Attention donc, même si vous avez l’habitude de ce petit coin, quelques degrés de plus peuvent changer la donne.
Repérer les symptômes en cas d’infection
Cutanés : plaques, démangeaisons, rougeurs
Troubles digestifs, comme une intoxication classique : maux de ventre, nausées, vomissements, diahrées
Troubles neurologiques : étourdissements, maux de tête, malaise, fièvre
Et comme toujours : en cas de doute, on ne demande pas à internet mais à un professionnel de santé !
Pour aller plus loin
Quelques articles traitant des cyanobactéries :
Celui du Muséum d’Histoire Naturelle
Celui de l’ANSES
Celui de Wikipédia
Celui de l’ARS de Bretagne
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