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Ce n’est pas parce que nous sommes en confinement que la vie s’arrête.
Clairement, elle est bien ralentie pour certains d’entre nous, pleine de changements pour tous.
On doit s’adapter, et il est possible que ce genre de situation tende à se reproduire de plus en plus souvent.
Mais il faut vivre, comme disait Paul Valéry, alors on s’adapte !
Et une des questions que l’on peut se poser, c’est comment travailler la sociabilisation du chien quand… il est interdit de sociabiliser ?
Cette question ne concerne pas seulement les cas de confinement dû au coronavirus.
Et oui ! Certains chiens peuvent contracter des maladies qui exigent une mise en quarantaine, et donc cet article s’adresse aussi à eux ! (et au passage : courage à leur maître.)
Mais tout d’abord…
Qu’est-ce que la sociabilisation ?
Ce concept englobe en fait plusieurs thématiques.
Un chien sociabilisé, c’est un chien qui n’a pas « peur de tout » : des bruits, de la nouveauté, des choses « bizarres ».
Il sait s’adapter à différents environnements et situations.
Donc, en fait ce qu’on appelle sociabilité, c’est la découverte du monde. Le chiot qui « rate » sa sociabilisation risque de devenir un adulte réactif, peureux et nerveux.
Si on ne fait rien pour arranger les choses…
Car, s’il y a bien une « fenêtre » entre les 2 mois du chiot et sa puberté, tout n’est pas raté définitivement à jamais.
Cette période est cruciale pour ceux qui ont la possibilité de s’occuper d’un chiot, et je pense tout particulièrement aux chiots de Nourse, qui ont quitté leur maman juste avant le confinement de la mi-mars 2020.
Comment faire pour justement ne pas se retrouver avec un chiot qui aura peur des foules, des bruits, des voitures, des poussettes, des cannes, des vélos, et j’en passe ?
Les sens
Un chiot découvre son environnement par le biais de différents sens :
la vue
l’ouïe
le toucher
l’odorat
Ce sont par ces sens que l’on va stimuler le chien. Plus on lui propose de variété, plus il sera zen face à de la nouveauté.
Des stimulations non traumatisantes
Alors, oui, il faut présenter plein de choses à son chiot.
Non, ça ne se fait pas n’importe comment.
Par exemple, si vous voulez faire aimer la natation à quelqu’un qui a peur de l’eau, vous n’allez pas le pousser dans le grand bassin par surprise.
Ce serait le meilleur moyen de créer au contraire une phobie !
Donc, ce qu’on recherche, c’est de pouvoir amener différentes choses doucement, pour ne pas faire « plus de mal que de bien ».
Et c’est exactement pour ça que le confinement peut être… positif pour votre chiot !
Au sens où il va nous demander de réfléchir à faire autrement.
Comment stimuler le chiot ?
La vue :
Pour l’habituer à différentes personnes, vous pouvez vous déguiser : avec un chapeau, des lunettes, des cannes, des manteaux… qui vont modifier votre silhouette.
Mais aussi et surtout : votre allure (courbé, en boitant, avec une canne,…), votre comportement (en toussant, en faisant des gestes brusques, en agitant des accessoires…un parapluie, un gros sac…)
Commencez par des choses simples, puis augmentez la difficulté.
Attention :
L’attitude qu’on recherche chez le chiot et qu’on va encourager : curiosité, calme, absence d’agressivité et de peur (pas de dos hérissé, d’aboiements répétés, de fuite).
Si le chiot présente des signes de stress, alors on enlève l’accessoire qui fait peur et on encourage le chiot à aller voir de plus près la personne qu’il va alors reconnaître.
Puis on recommence, il faut toujours finir sur du positif.
Pour analyser les réactions de votre chien, apprenez à l’observer.
Il faut garantir la sécurité physique et émotionnelle du chien. Donc, on n’attache pas le chien et on lui laisse de l’espace pour qu’il ne se sente pas piégé. On ne lui fait pas non plus de surprise et on ne lui court pas après en étant déguisé. Le but n’est pas d’insensibiliser le chiot à la peur en le mettant à répétition dans des situations désagréables. Mais bien de lui montrer qu’il existe plein de formes d’humains et de façons de se comporter. Les chiens s’habituent très vite à nous jusque dans des détails. Si on reste routinier, on s’aperçoit que les chiens ont plus vite des inquiétudes quand surviennent des changements. Un exemple tout bête : le chien qui aboie parce qu’il ne reconnaît pas le pas de son maître… qui rentre avec une nouvelle paire de chaussure. Juste ça suffit à questionner le chien ! Mais cela peut arriver aussi si vous ne couvrez jamais votre tête et qu’un jour vous mettez un chapeau ou une capuche… Il faudra donc répéter ces exercices très souvent, sinon le chien oubliera et s’habituera à un quotidien toujours identique. Imaginez : vous avez huit ans et on vous présente la tante Agathe. Elle vous dit : tu ne me reconnais pas ? Je suis pourtant venue passer Noël avec vous il y a 4 ans ! Le chiot vit la même chose. Souvent, on les stimule beaucoup au début car on sait que c’est une période clef. Mais ensuite, on se dit que « c’est fait » et on arrête ce travail. Pour les autres sens, on applique la même stratégie. On peut travailler efficacement avec des vidéos youtube. On trouve pratiquement tous les sons : klaxon, aboiement, toquage de porte, sonnette, bruits stridents, alarmes… Au départ, ne mettez pas le son à fond. Récompensez quand le chien écoute, mais sans marquer d’agitation ou de stress. Commencez avec le volume raisonnablement bas et des sons non effrayants (bruits trop stridents ou hurlement de film d’horreur…). Vous pouvez évidemment coupler cet exercice avec celui de la vue : un personnage qui secoue des cuillères dans une casserole, qui agite un sac plein de papiers… Mais ne brûlez pas les étapes. Il se fait principalement avec la gueule. Le chiot ne peut rien tenir en main 🙂 Il faudra lui présenter différentes textures, pourquoi pas le faire marcher sur un sac poubelle posé à plat, des cartons… en le laissant goûter et jouer, mais sans aller jusqu’à la destruction bien sûr ! Si vous avez un balcon, mouillez le sol et faites lui découvrir la marche sur surface humide. Il est crucial pour le chiot de pouvoir sentir toutes sortes de choses. Par contre, il n’a pas besoin d’avoir le nez dessus : l’odorat est très développé chez le chien. Et avoir le nez dessus signifie aussi : être facilement avalable par le chiot ! Qui aime toucher et goûter à tout. Or, c’est une période où le chiot risque de choper facilement plein de maladies. Ses vaccins ne sont pas encore ultra efficaces, il faut donc éviter qu’il ne touche aux crottes des autres chiens. Les mégots sont aussi très dangereux. Donc : on met le chiot à proximité de ce qu’il souhaite sentir, mais on ne le laisse pas forcément aller dessus. Que vous lisiez cet article parce que vous êtes confiné ou que votre chien est en quarantaine, je vous souhaite beaucoup de courage. On peut toujours agir, même lorsque nos moyens nous semblent limités. C’est justement le moment de faire preuve d’innovation ! En Chine, le mot crise s’écrit avec deux idéogrammes : « danger » et « opportunité ». A méditer ! Et vous, avez-vous des astuces à partager pour cette période troublée ? L’espace des commentaires est pour vous ! Comme d’habitude, si l’article vous a plu, n’hésitez pas à le partager ! Si vous souhaitez aller plus loin et que vous maîtrisez l’anglais (ou que vous supportez les sous-titres automatiques, si hasardeux et espiègles), je vous recommande cette vidéo : On y trouve plein d’exemple de stimulations pour faire croire au chiot qu’il y a d’étranges étrangers. 🙂
Important :
L’ouïe :
Le toucher :
Et enfin, le sens qu’on minimise à tort : l’odorat.
Pour finir…