Une Vie de Chien

 

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Cet article participe à la Cavalcade des Blogs : une série d’articles à sujet imposé, du même acabit que celui-ci.

Le thème, je cite :

« A travers ses yeux ».

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Très inspirée par le fait de découvrir – d’imaginer plutôt – comment les animaux voient le monde, comment ils le ressentent, je propose aujourd’hui cette thématique.

Le but est aussi, à travers ces articles (qui j’espère seront nombreux !), d’essayer de se mettre un peu plus à leurs places pour mieux les comprendre et en conséquence, mieux vivre avec eux.

Laissez parler votre imagination, partez dans l’extraordinaire, le comique, ou utilisez une démarche scientifique et rigoureuse. Délirez complètement ou restez sérieux.

 

Ce thème a été proposé par le blog Animal Heureux.

 

Retrouvez cette cavalcade ici.

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Alors, dès que j’ai lu ce thème, j’ai tout de suite pensé : nooon, pas l’anthropomorphisme, je ne vais pas réussir à rester neutre ! 

 

Puis je me suis dit : allez, pour le challenge ! J’avoue que la dimension imaginaire m’a permis de mieux relativiser.

Mais tout d’abord, je dois parler un peu de mes réticences vis-à-vis de l’anthropomorhisme.

 

Anthropomorphisme, késako ?

Il s’agit littéralement de projeter des comportements/interprétations humains sur d’autres espèces. On le fait tous plus ou moins consciemment quand on dit d’un chien qu’il est gentil ou intelligent par exemple. C’est-à-dire qu’on pense l’animal par rapport à nous.

En gros, on se sert de notre espèce comme point de repère pour interpréter une autre espèce.

Alors, ça peut être intéressant d’un point de vue de l’empathie : « si je n’apprécie pas qu’on me tape, peut-être que ce chien n’apprécierait pas qu’on le tape. »

Ça peut être un excellent point de départ, surtout qu’on est bêtement des animaux, nous aussi, n’en déplaise à certains qui s’offusquent dès que l’on suggère que l’humain est un mammifère. (j’en veux pour preuve ces extrémistes qui cherchent à interdire l’allaitement dans les lieux publics…)

Mais il ne faut pas aller dans l’autre sens : certes, l’humain est un animal ; non, le chien n’est pas un humain.

C’est pourquoi je trouve cet exercice d’écriture « à travers ses yeux » très compliqué : j’ai du mal à faire les choses légèrement quand on en vient à ce sujet, car je pense qu’il est plus sage de chercher en nous quelle est la part d’animal, plutôt que de chercher une part d’humain dans les animaux.

Bon, j’ai bien digressé (gressé!), revenons-en au point !

Et si l’homme se considérait comme un animal comme les autres ? Aurait-il plus d’indulgence envers ses semblables ? Deviendrait-il bestial ?

Voici mon récit, à lire comme un petit roman.

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Nourse et Anakin

 

 

Une Vie de Chien

 

 

Liste des personnages par ordre alphabétique :

Anakin – un chien

Elle – une humaine

Nourse – une chienne

 

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Le réveil sonne comme tous les matins. Trop tôt peut-être, mais au moins il fait jour. C’est le retour du printemps, et le soleil est levé. Elle n’aimait pas l’hiver juste pour cette raison : quand la nuit semble grignoter son temps libre. Nuit au lever, nuit en rentrant du boulot…

Mais aujourd’hui, il ne fait pas seulement jour : les aurores blêmes révèlent un ciel sans nuage aucun. Elle s’étire dans son lit et ouvre la fenêtre. Elle respire un grand bol d’air frais : pour rien au monde elle ne retournerait vivre en ville, sous-vivre hors-sol comme une bête d’élevage industriel.

Elle se lève et s’habille : ce peu de mouvement met déjà en alerte la meute juste à-côté.

Dans le salon, ceux qu’elle appelle sa meute sont en fait les chats qui attendent leurs croquettes, et les chiens qui attendent leur balade.

Pendant qu’elle fait la distribution générale des croquettes de chacun, elle songe qu’elle a bien fait de poser sa démission à son futur ex-chef. Bientôt, elle pourra changer de vie, trouver un travail qui lui permette et de vivre financièrement, et de s’épanouir. Pourquoi est-ce si dur aujourd’hui ? Elle regarde les chiens manger, chacun la truffe dans sa gamelle. Anakin mange lentement, Nourse se goinfre. Même si elle finira son repas avant lui, elle ne lui prendra rien. Lui, par contre, ira faire la vaisselle de la gamelle vide de sa copine.

Elle repense à son chef. La Hiérarchie est bizarre chez les humains : ce ne sont pas forcément les plus compétents qui se retrouvent aux postes les plus élevés… Et ce n’est pas parce qu’on travaille ensemble qu’on s’entraide, qu’on œuvre pour un but commun. Pas étonnant que beaucoup d’humains comme elle soient malheureux dans leur travail.

Elle se secoue : tout ça est bientôt derrière elle !

Elle ramasse les gamelles vides et prend les laisses. Pas la peine d’attacher les chiens : ils aiment la suivre et partir avec elle. Ensemble, ils sont la meute.

Ils prennent la direction de la forêt. C’est la période des grenouilles, elle doit veiller à ce que personne ne se fasse pas de dessert batracien.

La meute hume l’air humide de la forêt : il y a tant d’odeurs et de sons, c’est toute la nature qui s’éveille !

Mais déjà la promenade s’achève et la meute se retrouve bientôt devant la porte d’entrée. Un peu de vague à l’âme : c’est l’heure de se séparer pour la journée. Les chiens retrouvent avec plaisir leur panier, mais elle doit prendre la route du travail.

Là-bas, pas de reconnaissance du travail accompli, pas de tâche importante qui fasse avancer les choses, pas grand-chose pour stimuler son intérêt… Des tâches administratives, du classement, de la surveillance, des prises de têtes. Elle a hâte de rentrer à la maison. Pendant ses 20 minutes de pause à midi, elle essaie de ne pas manger trop vite, mais il n’y a pas le temps.

Pas le temps de manger, pas le temps de développer des relations amicales, pas le temps de souffler, pas le temps de vivre ?

Heureusement, toutes les choses passent. Encore plus vrai pour une journée de boulot. De retour à la maison, la meute l’accueille avec plaisir. Elle fait un rapide état des lieux, satisfaite : Nourse n’a rien mâchouillé aujourd’hui. Elle regarde les oreilles d’Anakin – il est sujet aux otites – mais tout va bien. Les chiens aussi semblent l’inspecter pour voir si tout va bien : après tout, aujourd’hui encore, elle était seule dans le Grand Extérieur !

Enfin, comme si toute la journée elle n’avait attendu que cela, la meute sort pour retrouver son terrain de prédilection : la forêt ! Pas question de faire un petit tour minable, c’est l’heure de la vraie sortie, l’heure de se défouler, l’heure de courir, l’heure de la meute !

Alors qu’elle courre avec ses chiens, surveillant les abords pour guetter les chevreuils, elle se dit que la vie est bien étrange et illogique. Les humains auraient-ils tout faux ? La catastrophe écologique en cours semble rendre les prétentions humaines (intelligence, art, humour, spécisme…) encore plus vaines et ridicules.

Nous ne sommes pas des bêtes ! Alors, que sommes-nous ? Bien pire ?

Pourquoi nous penser en-dehors d’un système naturel ? Nous ne sommes pas plus fait que les autres animaux pour vivre hors-sol, dans des petits cubes de bétons rangés sur des trottoirs de bétons. Nous ne sommes pas destinés à vivre de boulots qui méprisent la sensibilité et l’intelligence humaines.

Alors que la meute s’abreuve à un petit ruisseau, elle contemple le soleil qui déjà s’approche des montagnes. La lumière change doucement et invite au repos de tous les êtres diurnes.

La meute est sur le retour : il est temps de se doucher, de manger et de lire.

La lecture ! L’imaginaire la transporte. Bientôt, elle rêve à ce que pourrait – non, à ce que sera – sa vie. Oser prendre des risques, bousculer la fameuse zone de confort, aller de l’avant pour Vivre vraiment. Pas survivre.

Se penser animal. Visualiser ses forces, ses faiblesses. Être fier de cette fascinante planète. Être conscient de la mort ; l’impermanence de toutes choses… et rester maître de son existence.

La dernière pensée du soir est pour sa meute. En serait-elle là aujourd’hui, sans eux tous ? Non. Ensemble, on est plus fort.

Il serait temps que les humains vivent comme les chiens : heureux de l’instant présent, toujours enthousiastes et curieux, avides de rencontres et de nouer des relations. Et surtout : vivre pour et par la meute.

Ensemble, on est plus fort.

Ensemble.

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J’espère que ce bout de lecture vous aura plu, n’hésitez pas à me faire vos retours ! Pour ceux qui arrivent via la cavalcade, je vous invite à découvrir mon blog Chien Ludique…

Si vous pensez que vous avez une vie de chien, partagez l’article 😉

4 réponses

  1. Bravo. Je ne sais pas a travers les yeux de qui est observé cette tranche de vie, trois personnages dont l’un seul écrit. Ça m’a plu en tout cas.

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